Description
Les Chroniques du bruit consistent en un recueil de 29 notes de concerts organisés au sein de la scène noise et expérimentale parisienne en 2011 et 2012. Sarah Benhaïm livre ici, par le partage de sources de son enquête ethnographique, un récit documentaire des soirées de performances bruitistes, improvisées, foutraques et radicales qui ont à l’époque animé la capitale et sa proche banlieue. Fresque de l’organisation spatiale et temporelle des concerts et de leurs lieux, des gestes et des sons associés aux performances musiciennes, des conversations entre spectateurs et spectatrices prélevées ici et là, ces notes de terrain brutes proposent une plongée à l’intérieur de ces événements, entre descriptions musicales et déambulations sociales, esquissant des séquences répétitives codifiées autant que des situations artistiques et collectives singulières. Témoignages en même temps que regards, les chroniques sont accompagnées d’une sélection de photographies inédites réalisées par l’artiste Steeve Bauras à la même période, ainsi que d’une pièce sonore expérimentale de DJ Fusiller conçue à partir des enregistrements de concerts compilés par l’autrice. Ce livre objet, qui compile ainsi diverses formes de captations – visuelles, sonores et retranscriptions de conversations enregistrées – propose finalement un témoignage d’une scène musicale dynamique et radicale, profondément communautaire.
Préface Nicolas Ballet
Sarah Benhaïm. Après avoir enseigné la théorie de l’art et l’histoire du graphisme en écoles d’art, Sarah Benhaïm est aujourd’hui maîtresse de conférences en musicologie à l’Université de Tours (ICD), spécialisée dans l’enseignement de l’histoire et de la sociologie des musiques populaires. Sa thèse de doctorat en sciences sociales, soutenue à l’EHESS en 2018, portait sur la musique noise et le DIY (Do it Yourself). A partir d’une ethnographie menée à Paris, composée d’observations de terrain, d’entretiens et de cartographies, mais aussi d’une analyse du matériau musical, son travail explore les pratiques expérimentales (jeu instrumental, fabrication DIY, conduites d’écoute) ainsi que les discours et représentations liés à l’underground musical. Après la sortie d’un numéro de la revue Transposition consacré aux flops en musique, coordonné avec Lambert Dousson, elle travaille actuellement sur la lutherie sauvage et les instrumentations bricolées. Membre du trio de free-noise DMZ, elle a collaboré avec le label Tanzprocesz à la création des Live Series, une série de cassettes issues de ses archives d’enregistrements de concerts. Elle est membre du comité de rédaction de la revue Transposition, musique et sciences sociales et membre de l’IASPM (International Association for the Study of Popular Music). Elle siège également dans la commission d’experts Musique de la DRAC Île-de-France et organise des concerts de musique expérimentale.
Steeve Bauras vit et travaille à Paris. Il a entrepris de multiples voyages au cours desquels ses rencontres et ses expériences autour des scènes artistiques underground en Europe, Amérique latine et en Afrique ont nourri son œuvre. À travers son travail, l’artiste interroge les mémoires et les liens de territorialités pour rendre visible la force de la création artistique sur notre conception du réel. Son travail a été exposé à BISO 2023 au Burkina Faso. Il a également été présenté à la fondation Fiminco à Paris (2021) et au sein du projet Jeu de Paume Lab (2021). Il a été sélectionné aux rencontres photographiques d’Arles (2019), a exposé à Cologne (2020), à la Biennale de Lagos au Nigéria (2019), à la galerie Les Filles du Calvaire à Paris (2018), à la Biennale de la Havane (2016), aux Rencontres de la photographie de Bamako (2015) et à SAVVY Contemporary à Berlin (2013).
DJ Fusiller : projet disc-jockey 100% superpositions aléatoires et narration approximative. Né en 2015 d’un malentendu de programmation lors d’une soirée anniversaire, sa seule et unique apparition publique se soldera par un accueil mitigé de la part d’un public partiellement compliqué. Le projet est alors mis en sommeil durant plusieurs années. Il renaitra finalement en 2020 sous l’impulsion des Editions Gravats. On compte depuis plusieurs cassettes (Editions Gravats, Tanzprocesz) et sorties dématérialisées (Terror Core, Ouïe Dire, DJ Fails) à son actif.
CD DJ Fusiller « Sacrilège Vénération – Les archives du bruit » – Ce disque est basé sur des enregistrements plus ou moins reconnaissables des artistes/projets suivants (par ordre alphabétique) : Adrien Kanter, Antoine Chessex, Astma, Asuna, Black Lagoya, Calcutta Désert, Candlesangue, Céline Périer & Laurent Di Biase, Charlene Darling, Class of 69, Damien Schultz, Decapitated Hed, DRK Penthotal, El-g, Evil Moisture, Eye, Faux Amis, Fred Nipi, Friponnes De Porc, Helm, Id M Theft Able, Jassem Hindi, Joke Lanz, Kalan Sherrard, Molière, Nox Factio, Ogrob & Regreb, Opéra Mort, Pali Mersault, Romano Krzych, Safe, Vespre, Zaraz Wam Zagram. Le mastering a été effectué par Julien Louvet
Des reproductions de flyers d’époque sont insérées aléatoirement dans le livre.
Texte Sarah Benhaïm / Préface Nicolas Ballet / Photos Steeve Bauras / Son DJ Fusiller / Graphisme Hélène Marian